Trek des Annapurnas – partie 4

  • Passage du col du Thorung La (5416m)

Ce jeudi, nous devons partir de Thorung Phedi pour franchir le passage du Thorung La, le col le plus haut du monde et le chemin le plus simple à ce jour pour boucler le tour des Annapurnas. Les guides indiquent 4h de marche pour monter jusqu’au col, mais préconisent de passer avant 9h pour éviter des vents violents; certains trekkeurs sont donc partis dès 4h du matin! Nous ne sommes pas aussi courageux (et surtout nous n’avons pas envie de marcher de nuit sur des sentiers à flanc de montagne!), nous quittons la guest house de Thorung Phedi vers 6h, comme une grande majorité de trekkeurs, finalement. Le soleil commence à passer au-dessus des montagnes, lorsque nous attaquons la pente abrupte qui monte vers le High Camp, situé à 4900m. Nous souffrons beaucoup dans cette montée et pourtant nous arrivons au camp au bout d’une heure d’effort seulement. Nous en profitons pour recharger nos batteries avec du thé noir (facilitant l’acclimatation et augmentant la résistance au froid parait-il), ce qui nous permet de voir les installations de la guest house. L’eau est gelée, même dans les toilettes, et il fait froid dans la salle commune… à ce moment-là, nous ne regrettons pas d’avoir dormi un peu plus bas!

Après cette pause, le vrai challenge commence pour nous. Galvanisés par notre performance pour arriver au High Camp, nous repartons pleins d’optimisme. Le soleil est assez haut pour éclairer les sommets alentours et nous savourons le paysage – lunaire. La végétation de buissons ras qui bordait le sentier jusqu’à Thorung Phedi a laissé place à de la roche brute: plus une plante à l’horizon, il fait trop froid et l’air est trop pauvre en oxygène. Les 500m de D+ qui nous séparent du col devraient être de moins en moins pentus à son approche. Nous montons à un bon rythme, mais avec l’altitude, l’oxygène commence à manquer. Les efforts sont énormes (surtout pour Franck qui porte 25kg) et les lois de la physique semblent ne plus s’appliquer! En effet, la pression atmosphérique diminuant, et la distance avec le centre de la Terre augmentant, nous devrions nous sentir de plus en plus légers! Mais non, plus nous montons, plus nous avons l’impression qu’une main invisible s’accroche à nos sacs et nous tire vers le bas.

En plus de cela, à l’approche du col, le vent se lève. Ce n’est pas une petite brise rafraîchissante, mais de grosses rafales qui manquent de nous renverser. Nous apprécions avoir les bâtons pour nous maintenir debout! La dernière heure d’ascension est un véritable combat d’endurance: à bout de souffle, nous luttons contre le vent de face pour avancer. Puisque le corps ne suit plus, la tête doit prendre le relais. Devant nous, plusieurs fois, le sommet semble se profiler, mais à chaque fois une nouvelle masse rocheuse apparaît, impactant fortement le moral. Lorsqu’au bout d’une heure de lutte psychologique nous apercevons les drapeaux indiquant le col, c’est la délivrance! Il est 10h, le vent est plus fort que jamais, il doit faire -10°C et nous ne sentons plus nos extrémités. Mais qu’importe, nous sommes heureux! Euphoriques, nous prenons quelques photos, savourons rapidement notre victoire, et nous engageons dans la descente. La tête nous tourne et il ne serait pas raisonnable de rester plus longtemps.

Le vent souffle toujours en rafales et il faudra attendre 1h30 de descente en pente raide pour que cela se calme. Le paysage reste lunaire de ce côté de la montagne, et la marche nous paraît interminable. Le premier village où l’on peut dormir est à 10km et à 1600m en contrebas du col: il nous faudra donc encore de l’énergie pour terminer la journée! Nous nous arrêtons vers midi dans un petit restaurant; nous avons l’impression de regagner des points de vie à chaque bouchée! Il reste ensuite 1h30 et 400m de D- jusqu’au village de Muktinath (3700m), où nous passerons la nuit. Les genoux sont très douloureux pour Nadia et nous descendons lentement. Nous sommes rattrapés par Guillaume et Nico, les deux Français rencontrés la veille à Thorung Phedi: ils sont partis tard et ont bien marché. Tout le monde a eu beaucoup de vent au sommet, quelque soit l’heure de passage; nous apprendrons pas la suite que c’était une journée particulièrement venteuse.

Voir la vidéo du Panorama au sommet.

 

7 réflexions sur “Trek des Annapurnas – partie 4

  1. Cathychou dit :

    J’ai pleuré comme une madeleine en lisant !!!
    Rahul se fout de ma tête, mais moi je suis trop fière de vous, de votre courage, des 27kg de Franck (chapeau bas), de votre mental. Bravo bravo bravo, et les paysages sont splendides.
    Après tout ce froid, Vous devez avoir le « nez pâle »…! Hi hi hi

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  2. Neiz dit :

    !!!!!! Félicitations !!!
    une question : pourquoi n’y a-t-il pas de neige a ces altitudes ? dans les alpes au dessus de 4’000m il y a pratiquement de la neige toute l’année…

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    • Nadia dit :

      Coucou! Je ne sais pas c’est peut être une question de climat on est plus au sud que la France et il doit y avoir des vents chauds. 😊 C’est la saison sèche donc on ne voit pas de neige à moins de 600 en ce moment, mais il me semble qu’en période de mousson le col est bien enneigé vé qui rend le passage difficile voire impossible par moments. 😉

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